Différences fondamentales entre écran et papier
Modes colorimétriques RVB et CMJN
À l’écran, les couleurs sont affichées en RVB (Rouge, Vert, Bleu), un mode additif basé sur la lumière. En impression, le processus repose sur le CMJN (Cyan, Magenta, Jaune, Noir), un mode soustractif utilisant des encres. Cette conversion implique des écarts, notamment dans les bleus et verts intenses, qu’il faut anticiper dès la conception.
Variabilité perceptuelle du papier
Le rendu dépend également du support : un papier couché blanc éclatant n’aura pas le même impact visuel qu’un papier recyclé naturellement grisé. La structure de la fibre, le traitement de surface ou le niveau de blancheur influencent la perception des teintes imprimées. Une épreuve validée sur un papier ne sera pas transposable automatiquement sur un autre.
Les outils professionnels de contrôle colorimétrique
Épreuves contractuelles certifiées
Les imprimeurs s’appuient sur des épreuves certifiées Fogra (ISO 12647) reproduisant fidèlement le rendu imprimé sur le papier sélectionné. Ces épreuves servent de référence commune à toutes les parties prenantes. Elles permettent de valider le résultat attendu avant le lancement en machine, en tenant compte du mode de tramage et du profil ICC utilisé.
Profil ICC et calibrage des écrans
Pour fiabiliser la chaîne graphique, la création est réalisée sur des écrans calibrés selon des normes ISO, associés à des profils colorimétriques compatibles avec le flux de production. Le profil ICC du papier choisi (par exemple PSO Coated v3 pour un papier couché) conditionne l’interprétation correcte des couleurs entre le fichier source et l’impression réelle.
Pilotage des presses offset
Les presses modernes intègrent un pilotage automatisé de la densité des encres via spectrophotomètre embarqué et régulation en circuit fermé. Ce système ajuste en temps réel l’encrage en fonction des valeurs cibles définies lors du calage, assurant une reproductibilité et une homogénéité sur tout le tirage.
Processus collaboratif avant impression
Contrôle en amont des fichiers
Avant tout bon à tirer, les fichiers sont vérifiés via des logiciels de prépresse dédiés (Enfocus PitStop, Callas PDF Toolbox) qui détectent les incohérences colorimétriques, les profils manquants ou les tons directs non convertis. En cas de doute, un retour est fait vers le donneur d’ordre pour arbitrage avant validation.
Simulation en soft proofing
Certains flux autorisent des épreuves numériques à l’écran dites softproofs, basées sur des profils simulant le rendu du papier choisi. Cette pratique reste cependant complémentaire car elle dépend fortement du calibrage local de l’écran de consultation. Elle ne remplace pas une épreuve certifiée contractuelle sur papier.
Tests matière et calages couleurs
Dans les cas les plus sensibles (édition, luxe, arts graphiques), des tests matière peuvent être programmés : tirage de quelques feuilles sur la presse finale avec papier réel. Ces calages permettent d’ajuster les courbes de compensation colorimétrique en fonction du comportement du papier en machine.
Qu’en est-il chez Offset 5 ?
Offset 5 intègre l’ensemble du processus colorimétrique depuis son studio de pré-presse jusqu’aux postes de contrôle en sortie de machine. Chaque fichier est analysé et normalisé selon les profils ICC retenus avec le client. Les épreuves contractuelles sont réalisées sur traceurs certifiés Fogra, et les presses offset Komori sont pilotées via des densitométrie spectrales embarquées. Lors des BAT machine, l’ajustement s’effectue en présence du client ou via validation distante selon protocole défini. La chaîne prend en compte les spécificités papier, définies avec l’équipe production selon les contraintes de gabarit, de façonnage et de couleur cible. Le planning de calage est intégré dans le flux global piloté par ERP, assurant coordination entre file d’attente machine, contrôle qualité prépresse et réalités logistiques. L’ensemble des ajustements est tracé et archivé pour chaque commande via système de contrôle interne unifié.
Conclusion : une chaîne de maîtrise globale
L’ajustement des couleurs entre l’écran et le papier repose sur une approche méthodique, industrielle et collaborative. Du choix du papier à la création des profils, en passant par les épreuves certifiées et le pilotage automatisé des presses, chaque étape permet de garantir un rendu fidèle et reproductible. L’imprimeur industriel joue ici un rôle de partenaire technique, en assurant la cohérence entre l’intention initiale et la réalité physique de l’impression.






